Ay,caramba! Gran Canaria




"Una meta, un sueño"

Lieu
: Grande Canarie (Espagne)
 
Date : 7 et 8 mars 2015 
Distance : 125 km 
Dénivelé : 8700 D+


Agaete, vendredi 7 mars 2015 21:30, le bus nous dépose dans cette ruelle assiégée de toutes parts par de violentes bourrasques de vent. Les cafés sont pris d’assauts par les trailers frigorifiés. Je m’installe pourtant dans la rue, ce vent m’éveille et je prends désormais conscience que malgré toutes ces péripéties, la TransGrancanaria se fera avec moi.



Rapide Flashback sur cette avant course pleine de rebondissements…

Acte 1, les VPPB : En résumé il s’agit de cristaux de calcium qui se balade dans le canal semi-circulaire de ton oreille interne, du coup vertiges + nausées. Heureusement notre ‘fabulous doc’ nous apprend que tout cela est bénin et qu’il existe une manip’ rapide permettant de le dissiper. En attendant l’embarquement, on étudie tout cela attentivement sur ‘YouTube’ et Caro semble bien motivée pour libérer mon conduit !

Acte2, la perte du sac jaune : minuit, aéroport de Grande Canarie, guichet des objets perdus, j’ouvre le constat d’irrégularité bagage n° LPAIB12944. Le sac avec toutes les affaires de running s’est volatilisé, je relativise malgré tout en espérant un retour rapide. La course est dans 2 jours.

Le lendemain, après une matinée plutôt tranquille, j’active le suivi bagage… toujours rien, ‘unlocated baggage’, la choule quoi !!!

Direction le parc des expositions, lieu du retrait des dossards, pour plaider ma cause. Je les sens solidaires et vraiment touchés par mon histoire. Ils en informent l’assistance et notamment les élites (internationalement représentés sur cette manche de l’UTWT). Une solidarité se met à bourgeonner, c’est ça l’esprit Trail. Krupicka et Joe Grant, suivis par leurs fans, s’avancent et d’une forte tape dans le dos, Anton m’offre des New Balance, trop la classe ces ricains. Les WAAboys s’y mettent également, une émotion soudaine m’envahit, mes vertiges ou toute cette bienséance à mon égard. Je m’assois, Antoine Guillon m’offre leur WAA Ultra-bag Pro 3l. (mi sueño)

Soudain je me réveille, appartement 5.22 du Koala Garden Suites de Maspalomas, nous sommes le jeudi 06 Mars, il est 9h. Caro grelotte à mes côtés, elle est toujours grippée…

Alors recommençons, pour de vrai cette fois. J’arrive au parc des expos, il est 13h02, et comme nous sommes à l’arrache depuis le début du séjour, fermeture des portes à 13h. Florent Bouguin et Stéphane Brogniard sont également à la porte, un poil vénère… Juste le temps d’informer une personne de l’organisation qui m’invite gentiment à revenir à 17h pour faire mon shopping sur les divers stands. Mon rêve n’était définitivement pas prémonitoire, une réunion de crise avec Caro s’impose. Direction le Décathlon de l’île à une heure et ½ en bus, à cœur vaillant rien d’impossible. Tout y est, c’est rassurant ! Ma plus grande crainte : les chaussures évidemment, alors, et comme ce voyage part dans tous les sens, j’opte pour une marque jamais testée, un go all-in pour ne rien regretter, Inferno de Technica… et maintenant y’ plus qu’à.

paré
… Fin du rapide flashback


Roque Nublo
Agaete, vendredi 7 mars 2015 23:00, la course est lancée, je ne suis pas vraiment bien placé mais la route est longue. Une belle entrée en matière avec 1300m de dénivelé positif en 10km. La vue des loupiottes s’éloignant progressivement au loin me fait prendre conscience du très haut niveau présent. On profite de cette nuit de pleine lune et de cette fraîcheur tout relative pour avaler du kilomètre avant que la chaleur ne s’abatte sur nous. Cette première partie est relativement rapide, malheureusement et malgré les manipulations de Caro, mes vertiges sont toujours bien présents. Pas mal de nausées, le sol avec ces poussières en lévitation me donnent la sensation de vouloir s’incruster au fin fond de mes narines, obstruant ainsi mon passage nasal. La respiration n’est pas aisée, il va falloir s’en accoutumer. Les descentes sont douces avec de délicieux passages en sous-bois. A partir d’Artenara les vertiges semblent s’estompés ou suis-je entrain de m’y habituer ? Les ravitaillements sont essentiels dans mon cas, soins des pieds pour éviter à tout prix les ampoules, je ne veux pas revivre le calvaire du Val d’Aoste. Crème anti-frottement made in Decat’ et remplissage obsessionnel de la poche à eau… La chaleur et le vent vont en assécher plus d’un. Peu avant Fontanales, les écarts commencent à se creuser, il m’arrive même d’être seul, mais ce plaisir sera de courte durée.


Fontanales, samedi 8 mars 2015 06:30, beaucoup de coureurs dans les rues s’apprêtant à prendre le départ de l’Advanced (83km) qui partira ½ heure plus tard.
Le soleil apparaît, levée de rideau, le paysage est grandiose et  la végétation assez dense dans cette partie de l’île. Principalement tapissée de plantes grasses, palmiers, agaves, figuiers de barbarie et de nombreuses espèces endémiques. Comme prévu mon relatif isolement prend fin quand Zaid Ait Malek – le marocain du team Buff – me dépose, suivi par une cinquantaine d’outsiders lancés à ses trousses.



Teror, samedi 8 mars 2015 08:45.
Du ravitaillement de la superbe plaza del Pino (Teror) jusqu’à Tunte, le relief se fait plus rugueux, plus chaotique qu’au Nord, avec des sentiers bien plus techniques. Malgré une progression poussive, ces 40 kms sont les plus beaux. Un léger voile nuageux allié à un vent incessant rend la température très acceptable. Peu après Tejeda, la montée vers le Roque Nublo est interminable et véritablement usante. Je réalise les bienfaits des bâtons, et le manque de vélocité que je peine à supporter sans ! Les bras dans le dos, façon Olmo, lors des ascensions à faible inclinaison et les mains sur les genoux quand ça devient coton. Mais au final rien de vraiment probant et l’énergie escomptée n’est pas vraiment au rendez-vous. Planté dans ce paysage lunaire, l’aller/retour au Roque Nublo, monolithe dressé fièrement tel le gardien de l’île, est exaltant. La densité est encore énorme, il y a des coureurs partout. Ca tape la causette dans toutes les langues, dépaysant à souhait, tant par le paysage que par les individus qui le composent.


soin des pieds, une priorité
Garañon, samedi 8 mars 2015 15:00. Base de vie bizarrement située au 2 tiers du parcours. Il s’agit d’une forêt de conifères, le sol littéralement recouvert d’aiguilles redonne de la souplesse à nos foulées et soulage nos muscles endoloris. Garañon marque également le départ du marathon, il me reste 42 bornes et les premiers sont déjà rendu à Maspalomas, Hallucinant !!! Je repars rapidement… Il faut dire que mon sac de vie est pratiquement vide et se limite à une paire de chaussettes, 2 pâtes de fruits et 2 PowerGel. Je pars à l’attaque du Pico de las Nieves (1938m), point culminant du parcours. Une v’là montée assez courte mais terriblement pentue, j’imagine les concurrents du Marathon débuter par une telle ascension, asphyxiant.
ça va vieux ?
Pour ma part c’est plutôt tranquillou dans les gorges du Pissou, toujours dans le dur, je préfère prendre mon temps. Je n’arriverai jamais à véritablement trouver mon rythme dans cette course, aucun moment d’euphorie, pas un seul !! Au mental le bonhomme. Et je me rappelle une phrase d’un magazine de trail lue dans l’avion : « Ne crains pas d’aller lentement, crains seulement d’être immobile », pas de frayeur donc.
A Tunte je retrouve Caro, agréable transition qui laisse présager une fin de course toute en douceur. Le profil semble alléchant jusqu’à Arteara, mais la descente finale me fera revoir ce jugement bien trop optimiste. 2 kilomètres d’un sentier rocailleux, serpentant dangereusement jusqu’à ravitaillement d’Arteara. Il est 19h30, la nuit tombe et je me félicite d’avoir effectué cette foutue descente de jour.

Arteara, samedi 8 mars 2015 19:30

Je commence à être véritablement entamé et les photos ne me montre pas sous mon meilleur jour, le moral quant à lui est au beau fixe, l’écurie est proche… 17km de descente. Je repense à celle de Péclet-Polset dans la Vanoise qui m’avait déjà paru interminable ou encore ces 10 km de calvaire jusqu’à St-Rhémy-en-Bosses pendant le Tor. Mais le contexte est maintenant différent, les pieds et le mental sont encore bien intacts. Caro est aux petits soins, une douce étreinte puis je lui donne rendez-vous aux pieds des dunes. Contrairement au vent, la nuit est belle et bien tombée, et j’entame cette portion en courant. Après plus de 100 bornes ce n’est pas non plus du supersonique mais je cours.
Je double un certain nombre de concurrents reconvertis pour l’occasion en marcheurs nordiques.


Maspalomas, enfin… au courage, avec 3 bons kilomètres dans le barranco de Fataga, véritable artère urbaine, complétement cimenté et asséché. S’ensuit une petite boucle sur la plage avant de piquer sur le parc des Expos de Meloneras. Une belle ambiance sur cette ligne d’arrivée, je passe sous l’arche après plus de 23 heures de course, je suis aux anges et saute comme un gamin. Caro, tout sourire, me félicite, me réchauffe, me réhydrate à base de houblon, prend le temps de bien s’occuper de moi. Malgré la fatigue je pense au lendemain avec l’envie de lui faire découvrir les trésors admirables dont regorge cette île !




Selon moi, en tout point une étape incontournable dans la vie d’un traileur. En attendant d'avoir un ordi pour monter une petite vidéo, en voici une bien alléchante

vidéo trail, Transgrancanaria 2015


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